Mon parcours en images et en textes

Atelier de danse improvisation et théâtre corporel
Nimes, de 2022 à 2023
Stage de danse improvisation et théâtre corporel.

Nimes, le 09/06/24.

La première fois que j'ai dansé et que je savais que je dansais, j'étais en terre rouge, sur l'île de Djerba, fi Tunisie. Il y avait les femmes dans la maison. Dehors, le soleil brûlait. C'était l'après-midi. Les volets étaient fermés. Nous nous prélassions sur les lits en buvant de la citronnade et du thé à la menthe. Et puis, soudain, la musique ! Et les femmes qui se lèvent, nouent un foulard autour de leurs hanches, vite fait. Je me lève avec elles, comme appelée par le chant, les rythmes, la chaleur et les femmes. Je sens la vie au centre de mon être en rayons vers les autres femmes et je reçois leurs sourires, leur étonnement. Je n'en reviens pas moi-même. Je sens la douceur du sol sous mes pieds nus.

Mon bassin de jeune femme ondule, balance, s'ouvre à la joie d'être femme, pour la première fois. Dans le ventre et au centre du crâne, je ressens l'engrange du vent, de l'eau, de la terre. Plus de mots. Juste les tremblements qui me parcourent des pieds à la tête, les cheveux lâchés qui deviennent vite humides et tournoient dans la lumière qui filtre par les persiennes. Je me sens enfin belle pour la première fois. Il y a comme une révélation de ma féminité. Le ventre existe, il tourne, il virevolte, il sourit du nombril ! Et puis, le haut de mon corps, mes seins qui frissonnent de tous ces accents, depuis mes épaules qui avancent et qui reculent. Je vois mes mains s'agrandirent, devenir des serpents ondulants, raconter des histoires de parfums, des histoires de montrer les parties les plus intimes et ne pas les donner. Retenir et garder pour soi, à l'intérieur de mon ventre le cadeau de la vie. Pour la première fois, je me sens unie, réunie. Je n'ai plus la tête d'un côté et le corps de l'autre. Les sens sont totalement exaltés et ils supplantent toute pensée. Je transpire, je ris, je partage avec mes soeurs, avec mes tantes, avec mes mères d'outre méditerranée. Je me reconnais et je sais à cet instant, que rien ne sera plus comme avant.

Nous communions ensemble sans prière, sans sacré et pourtant, tout est sacrément spirituel sans en avoir l'air. Quand je sens le lâcher prise, le moment où ça fait déclic et que tout tourne autour de soi, les bouches, les yeux, les robes, les murs dans le cercle où chacune s'abandonne. Je danse des dessins dans l'air, j'inaugure les premiers traits d'une femme marine, onguleuse, je dessine mon amour pour elles, Les femmes. Toutes les femmes en moi. Je les porte en moi. Dans ma tête, il n'y a plus de frontières, j'appartiens à la terre, mes pieds en ont la preuve. Mes jambes verticales, arrondissent, mon ventre rebondit, ma chair bourdonne, tout est chaud dedans, dehors.

Mon âme est ma soeur et sort par ma main qui dessine un désir. Je voudrais rester exactement à cet endroit. En ayant tout déserté pour cet instant sacré de retrouvailles avec la vie. Je sens qu'une divinité est venue et à travers moi, fait acte d'amour, de sensualité, de sexualité, acte de foi. Elle danse dans mes pieds. Je prends sa couleur et son souffle. Je suis sa fille et son garçon, sa mère et son père, sa grand-mère et son grand-père.

Je suis la généalogie de ma divinité.

Je reste collée à l'instant. Au tempo. A la nécessité d'être. Une source de vie.

La première fois que j'ai dansé

Texte de Barbara Debarge

Stage danse improvisation et massage.
Nimes, le 15/10/23.
Performance pour Nuit Debout Les femmes dans l'espace public la nuit.

Nimes, Septembre 2024.

Stage de danse orientale.
Plage de l'espiguette, Septembre 2022.
Improvisation en bord de rivière.

2022.

Atelier danse improvisation/Théâtre corporel.
Nimes, Place du Chapitre, 2019.
Stage Danse improvisation/théâtre corporel.

Nimes, 2019.

Performance Danse improvisation/théâtre corporel.

Nîmes, 2018.

Performance dansée.

Nîmes, 2018.

Atelier danse improvisation/Théâtre corporel.
Théâtre du périscope Nîmes, 2017.

Historique et propos :

De la rencontre entre Barbara Debarge, danseuse et Guilhem Visseq, comédien est né le désir d’une création
scénique où chacun irait découvrir le terrain de l’autre : le corps, le texte.

Guilhem est atteint d’un handicap moteur. Il se déplace en fauteuil et avec des béquilles. C’est à partir de cette contrainte forte du handicap que se
construit peu à peu cette rencontre au plateau. Pour commencer cette recherche, il a fallu poser cette question :
« Comment fais-tu avec ton corps ? ». « Comment je vais faire avec ton corps ? ».
Guilhem dit : « il faut passer le pas ». Il parle des rapports de forces de son corps. Pour pouvoir marcher, il faut « passer
le pas » selon ses mots, c'est-à-dire se lancer pour provoquer le déséquilibre de la marche.
Barbara dit : « Guilhem prend le texte à bras le corps ». Au XVe siècle, cette expression se rencontrait sous la forme "à
bon bras le corps".
Dès lors, pour chacun, se joue la question des limites, des frontières. Jusqu’où aller ?


Tendresse, amour, intrusion, limite, pudeur, liberté, sollicitude, attention, sexualité, désir...

L’équipe :

Guilhem VISSEQ a commencé la pratique du théâtre avec Enan Burgos à l’école Mario Roustant à Mauguio puis auprès d’Anne Flament au Centre
Médico-Professionnel Pierre Fromant à Ramonville. En ayant acquis une autonomie lui permettant de vivre seul à Nîmes, il poursuit sa passion
pour le théâtre auprès de Pierre Gorse au Théâtre du Périscope. Il continue aujourd’hui sa pratique théâtrale avec François Kopania à la Maison
Ouverte, à Nîmes.

Barbara DEBARGE est formée au théâtre corporel, à la danse contact improvisation et aux danses des Orients qu’elle transmet notamment au
théâtre du Périscope à Nîmes. Elle fonde l'association Kamaraksa en 2002 et organise, avec le soutien de la ville de Nîmes et du Conseil Général,
“le Aïwah festival”, festival de danses et Musiques Orientales de 2006 à 2010. Elle est également éducatrice spécialisée auprès d’enfants et
d’adolescents déficients. Actuellement, elle développe des ateliers de pratiques artistiques dansées dans les hôpitaux de jour en psychiatrie adultes.

En 2024, elle obtient la certification de praticienne en massage bien-être et énergétique qu'elle pratique en cabinet et à domicile.

Céline FINIDORI psychologue clinicienne, psychanalyste, danseuse et performeuse de théâtre corporel. Elle nous a accompagné en 2019 pour une grande part de la création "Passer le pas".

Aude COURTIEL : Danseuse, chorégraphe et autrice à Nîmes. Elle crée la Compagnie LODE, basée à Nîmes et Montpellier. https://www.ladansestudios.com. Aude nous accompagne à la mise en espace et création chorégraphie depuis mai 2024.

Pascal DELEUZE Pascal Deleuze est né à Livry- Gargan (Seine Saint Denis) en février 1970. Affecté par un trouble de l’intégration depuis l’âge de 16 ans, il s’affirme pourtant comme performeur et musicien, apprend la trompette et la musique en autodidacte auprès de Joëlle Léandre, Guillaume Orti , Jean Morières et Pascale Labbé. Il est faiseur de sons, créateur d'atmosphères sonores et nous accompagne depuis mai 2024 sur la création "Passer le pas"

CREATION EN COURS 2024-2025 :

"Passer le pas"

Performance dansée "la Horde".

Libre interprétation d'après le roman d'Alain Damasio : La horde du Contrevent.

Juin 2017 -Théâtre du Périscope.
Improvisation et performance danse orientale et imaginaire.

Création "Zermoumia, la femme lézarde".

Par et avec Barbara Debarge Théâtre du CCAS Valdegour Festival Aïwah 2010 Nîmes.

AÏWAH festival, Danses et Musiques des Orients Créé et organisé par Barbara Debarge.
2006-2010, Nîmes.

Il est important, urgent même de faire émerger la pluralité culturelle et artistique qui brasse les peuples et les pousse à engendrer de nouvelles polyrythmies et polyphonies.
Je suis convaincue que chemin faisant, au gré de leurs rencontres, les êtres apprendront à se regarder différemment, auront moins peur de ce qui ne leur sera plus si "étranger".
Un des objectifs du festival AÏWAH (Musiques et danses des Orients 2006-2010-Nîmes) était de montrer la grande diversité des Orients et de ne pas stigmatiser une seule partie de ces vastes richesses pour favoriser les rencontres interculturelles, les questionnements quant aux liens qui les unissent et ce dans un but d’éducation du public qui ne sait souvent pas à quel point les danses et les musiques des Orients recouvrent des réalités si variées.

Atelier Danse contact improvisation.

Nîmes, 2009.

Performance danse et musique des Orients Barbara Debarge.
Crédit photo Stéphanie Kieffer. 2008

Quand je danse

Les frontières entre mon corps et la musique disparaissent

Les notes

le rythme

les nuances tonales,

les harmoniques deviennent

sang,

clavicules,

peau des pieds,

terminaisons nerveuses,

muscles intercostaux,

tendons,

fascias,

globe occulaire,

battements de coeur,

ouverture et fermeture pulmonaire, comme un accordéon en La mineur,

cloison nasale,

lacrimale,

colonne vertébrale,

vagin,

bouche et mâchoires ouvertes,

DISPONIBLE

Une géométrie espace-corps

Corps-espace

Reliée ciel-terre

Points cardinaux et spirales

Des lignes, des lignes, des lignes PARTOUT

des infinies,

des coupées,

des fuyantes,

des en boucles,

des parallèles,

des perpendiculaires,

des lignes pures

Et des lignes édentées.

Dedans le ventre et au centre du crâne, je ressens l'engrange du vent, de l'eau

Le silence enfin, enfin !

Plus de mots.

Je sens la vie comme jamais.

Je sens qu'elle est au centre de mon être en rayons vers le centre de la terre et vers le centre du

cosmos et je communie.

J'échange mes cellules

Je communie avec les esprits

Je me pardonne

Oui je me pardonne

Plus rien a de valeur relative

Je danse et je m'absolus

Je fais le plein d'un en-moi, touche mes limites, les rétablis

Je vais jusqu' à la collapsie, l'affaissement, l'effondrement, la chute

Et être sûre de ne jamais l'atteindre, sentir que la fin est suspendue, éternellement repoussée.

Une de mes figures préférées est la suspension, haaaaaaaa ! La suspension, quelle sensation !

Je danse

En forme de poisson, de vague, d'étincelle, de roche volcanique, d'oiseau, de félin, de bois flotté.

Quand je danse, ma peau se reconstitue par épaisseurs successives. La peau au plus près du coeur, surtout,

Se recrée.

Me danser, c'est me séparer de la nourrissonne née sans peau. Sans peau-aime.

Aussi, c'est me rencontrer et espérer rencontrer une autre.

Me rejoindre dans la peine, la douleur et la joie.

Par le mouvement, par le jeu,

Je me livre au temps et à l'espace qui me parcourent de part en part.

Espérer que cette fois, il en restera quelque chose. Une trace dans la mémoire du geste

Dans la mémoire de la mémoire.

C'est la danse d'un possible amour,

Un désir de réunion,

Réunir le séparé.

Ré-unir les parties séparées en moi.

Quand je danse, je me réunifie.

Je lance des dessins dans l'air, j'inaugure les premiers traits d'une femme marine, onguleuse, je

dessine mon amour pour elles, Les femmes.

Toutes les femmes en moi.

Je les porte en moi.

Mes jambes verticalent, arrondissent, mon ventre rebondit, ma chair bourdonne, tout est chaud

dedans, dehors.

Mon âme est ma soeur et sort par ma main qui dessine un désir.

Je voudrais rester exactement à cet endroit.

En ayant tout déserté pour cet instant sacré de retrouvailles avec la vie.

Laisser les cendres aux oublis.

Quand je danse, je suis incarnée. Je sens qu'une divinité est venue et à travers moi,

a fait acte

d'amour, de sensualité, de sexualité, acte de foi. Elle danse dans mes pieds.

Je prends sa couleur et son souffle.

Je suis sa fille et son garçon, sa mère et son père, sa grand-mère et son grand-père.

Je suis la généalogie de ma divinité.

Je reste collée à l'instant. Au tempo. A la nécessité d'être-(é)-mouvante.

"Petite petite fille

Tu es là pour t'amuser

Lance bien la pierre

Prends garde où tu mets tes pieds. "

Quand je danse
Texte poétique De Barbara Debarge
Barbara Debarge near the river.

2006.